
La figure paternelle en littérature : 10 livres pour la fête des pères
Cette année, la fête des pères tombe le 15 juin. Papa poule, protecteur ou distant, la littérature fait la part belle à la figure paternelle, qui occupe bien souvent une place prépondérante dans nos existences et notre construction. Voici une sélection d’ouvrages qui explorent le thème de la paternité : romans, essais, autobiographies et bande dessinée sont au rendez-vous.
On était des loups – Sandrine Collette

Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant. Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude : ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux.
Un roman captivant, qui prend aux tripes et interroge la notion de paternité. La nature, personnage secondaire de ce livre, se fait tour à tour immense et étouffante.
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Abraham et fils – Martin Winckler

En 1963, Abraham, médecin proche de la cinquantaine, s’installe à Tilliers, petite ville de la Beauce en compagnie de son fils Franz, âgé de 9 ans et demi. Un an plus tôt, un accident a laissé ce dernier amnésique. Tandis qu’Abraham se met à travailler, le jeune garçon se met à explorer la grande maison et la petite ville, un terrain d’exercice idéal pour son imagination débridée.
Un roman émouvant sur la relation entre un père et son fils, l’amour qui les unit. Le portrait d’un père plein d’humanité, qui nous transporte directement dans la France des années 1960.
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La place – Annie Ernaux

Il n’est jamais entré dans un musée, il ne lisait que Paris Normandie et se servait toujours de son Opinel pour manger. Ouvrier devenu petit commerçant, il espérait que sa fille, grâce aux études, serait mieux que lui. Cette fille, Annie Ernaux, refuse l’oubli des origines. Elle retrace la vie et la mort de celui qui avait conquis sa petite « place au soleil ».
Annie Ernaux nous raconte son père, cet homme qui l’a encouragée à étudier et à s’élever socialement. Un récit biographique précis, parfois chirurgical, sur l’homme qui a élevé l’autrice. La place évoque avec justesse la complexité d’être une transfuge de classe.
Sukkwan island – David Vann

Une île sauvage du sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, toute en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu’il connaît si mal. Mais la rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable.
Ce père qui voudrait bien faire est lézardé de fêlures et ne sait comment se rapprocher de son fils, devenu quasi-inconnu. Un roman très sombre, dans lequel le retour à la nature qui semblait être un nouveau départ va vite prendre des allures de huis-clos suffoquant.
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Le Château de verre – Jeannette Walls

Jeannette Walls est connue du Tout New York : chroniqueuse mondaine, elle évolue dans le monde des célébrités. Qui pourrait imaginer qu’elle a passé ses premières années dans la misère la plus sordide? – que son enfance a été une lutte continuelle pour survivre, marquée par un père et une mère d’une excentricité absolue ?
L’histoire vraie de Jeannette Walls et de ses parents marginaux, maltraitants non par la violence physique ou verbale, mais par inconscience. Un road trip durant lequel le père de famille, à l’origine brillant scientifique, poursuit le rêve de construire une maison de verre en plein désert. Une réflexion prenante sur cette enfance hors du commun.
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La route – Cormac McCarthy

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un Caddie rempli d’objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l’humanité. Survivront-ils à leur voyage ?
Malgré le chaos ambiant et la violence qui s’est emparée des quelques survivants, ce père continue d’éduquer son fils et d’avancer avec lui, conservant précieusement ce qu’il leur reste d’humanité. Un roman choc sur l’espoir et la survie dans un monde dévasté.
L’arabe du futur – Riad Sattouf

Né d’un père syrien et d’une mère bretonne, Riad Sattouf grandit d’abord à Tripoli, en Libye, où son père vient d’être nommé professeur. En 1984, la famille déménage en Syrie et rejoint le berceau des Sattouf, un petit village près de Homs. Malmené par ses cousins (il est blond, cela n’aide pas…), le jeune Riad découvre la rudesse de la vie paysanne traditionnelle. Son père, lui, n’a qu’une idée en tête: que son fils Riad aille à l’école syrienne et devienne un Arabe moderne et éduqué, un Arabe du futur.
Riad Sattouf plante le décor de cette autobiographie dessinée, aussi passionnante et instructive que drôle. Premier tome de la saga déjà culte, L’Arabe du futur nous raconte la Lybie et la Syrie des années 1980, et nous parle de ce père dont les opinions bien tranchées ont imprégné l’enfance de l’auteur.
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Qui a tué mon père – Édouard Louis

« L’histoire de ton corps accuse l’histoire politique. » Édouard Louis continue son œuvre autobiographique à travers ce court texte dans lequel il étudie la relation au père, déjà évoquée dans En finir avec Eddy Bellegueule. On y découvre cette fois-ci, au milieu de la souffrance, le pardon, et une dimension politique qu’on ne lui connaissait pas, accusant sans détours ceux qui ont « tué » son père.
Un livre dans lequel Édouard Louis nous raconte ce père avec qui ses relations ont toujours été tendues, à travers ses souvenirs. L’auteur fustige également ceux qu’il estime responsables de son décès, les politiques dont les décisions ont usé cet homme et ceux qui lui ressemblent. Un témoignage prenant.
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L’accident de chasse – David L. Carson & Landis Blair

Chicago, 1959. Charlie Rizzo, qui vient de perdre sa mère, doit emménager avec son père aveugle. Pour le jeune garçon, l’histoire est limpide : Matt Rizzo a perdu la vue à la suite d’un accident de chasse, comme il le lui a toujours raconté. Mais le jour où un policier sonne à leur porte, Matt choisit de révéler à son fils la partie immergée de son passé, et la véritable raison de sa cécité.
Tiré de l’histoire vraie d’un ami de l’auteur, L’accident de chasse est un roman graphique magistral, tant sur le fond que sur la forme. C’est l’histoire d’une rédemption, d’une amitié, d’une transmission. Le style graphique hachuré de Landis Blair ne fait que renforcer la puissance de ce livre, qui a été couronné du Fauve d’or lors du Festival d’Angoulême en 2021.
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Fun home – Alison Bechdel

Une petite ville de Pennsylvanie, un salon funéraire : le Fun Home. Alison grandit dans ce cadre peu banal, entre secrets de famille et blessures cachées. Jusqu’à ce qu’elle découvre son homosexualité et en même temps celle du tyran charmant qu’est son père.
Alison Bechdel (à qui nous devons le fameux test permettant de mettre en avant la sous-représentation des femmes au cinéma) nous emmène dans ses souvenirs d’enfance et partage notamment la relation distante et complexe qu’elle a avec son père. Une autobiographie cérébrale qui décortique les notions de famille, d’identité et de sexualité.