
Du livre au film : L’amour, c’est surcoté
Un roman né sur Instagram, devenu phénomène
Avant d’être un film récompensé, L’amour, c’est surcoté est d’abord un livre. Et pas n’importe lequel : le tout premier roman de Mourad Winter, publié en 2021, après avoir fait ses armes sur Instagram. Pendant plusieurs années, l’auteur a partagé ses pensées, ses galères sentimentales, ses mini-réflexions absurdes ou touchantes sur l’amour moderne. À force de stories bien vues et de posts qui faisaient mouche, il a fédéré une vraie communauté – avant de transformer cette matière en roman.
Le résultat ? Un texte qui ne ressemble à aucun autre. Pas de héros idéalisé, pas de relation modèle. Juste un homme (lui, sans doute), qui tente de comprendre ce qui cloche chez lui, chez les autres, dans les dynamiques de couple et les rendez-vous qui virent au malaise. Et il le fait avec un humour franc, une autodérision permanente, et surtout, une sincérité désarmante.
Une comédie romantique version 2020s
Oui, c’est bien une comédie romantique. Mais pas celle qui finit par un baiser sous la pluie ou un mariage au bout de 90 minutes. L’amour, c’est surcoté, c’est plutôt une collection de moments de solitude, de textos sans réponse, de conversations qui tournent à vide. Ce sont des déceptions vécues comme des échecs, des élans sincères qui tombent à plat. Et au milieu de tout ça, une vraie tendresse pour les gens, les failles, les contradictions.
Mourad Winter a ce talent rare : écrire comme on parle, sans jamais tomber dans le cliché ou la facilité. Chaque page sonne juste, comme si un pote nous racontait ses dernières mésaventures autour d’un café. Sauf que ce pote écrit drôlement bien, et qu’il sait doser émotion et sarcasme avec une précision redoutable. Le livre alterne entre introspection, petites scènes de vie, fulgurances drôles ou tristes — et on s’y reconnaît forcément un peu.
Une adaptation cinéma signée Mourad Winter lui-même
C’est assez rare pour être souligné : l’auteur lui-même a signé l’adaptation de son roman au cinéma. Pas question ici de déléguer son univers à un autre regard. Mourad Winter a choisi d’être aux manettes de bout en bout. Résultat : le film conserve toute la fraîcheur, l’ironie et l’humanité du livre. Il a même été salué par la critique en recevant la Mention spéciale du jury au Festival de l’Alpe d’Huez, temple français de la comédie.
Côté casting, on retrouve Hakim Jemili dans le rôle principal, impeccable en trentenaire un peu largué, un peu romantique malgré lui. À ses côtés, Laura Felpin brille par son naturel et sa justesse. Leur duo fonctionne à merveille. Ils ont ce timing comique rare, qui permet de faire rire sans jamais forcer, et d’émouvoir quand on s’y attend le moins. Sur grand écran, l’histoire prend une autre dimension – mais ne perd rien de sa justesse.
Rires, gênes et désillusions : une vision très juste de l’amour
Ce qui fait la force de L’amour, c’est surcoté, c’est sa capacité à jouer avec les codes tout en les détournant. Il y a des moments drôles, parfois même absurdes, où le héros enchaîne les maladresses et les incompréhensions. Mais il y a aussi des silences, des ratés, des instants un peu tristes. Des scènes où chacun peut retrouver un souvenir, un ex, un malaise vécu dans un Uber ou sur Tinder.
On est loin des clichés hollywoodiens, et tant mieux. Le film et le livre racontent autre chose : les efforts qu’on fait pour plaire, les projections qu’on se crée tout seul, les trucs qu’on n’ose pas dire, ou qu’on dit trop tard. Et au fond, ce besoin de lien, de reconnaissance, de sincérité, qui continue de nous faire courir, même quand on dit que « l’amour, c’est surcoté ».
Un roman générationnel… et un miroir pour beaucoup
Il y a quelque chose de très générationnel dans cette histoire. Mourad Winter parle d’un quotidien fait de DM, de situations floues, de crushs express et de relations pas vraiment définies. Il interroge nos attentes, nos contradictions, nos blessures d’ego. Et le fait sans jamais donner de leçon.
C’est ce regard tendre et trash à la fois qui rend L’amour, c’est surcoté si attachant. C’est le genre de roman qu’on dévore, qu’on a envie de prêter à un.e pote, en ajoutant : « Franchement, tu vas trop te reconnaître. » Et c’est sans doute pour ça qu’il a trouvé son public, en librairie comme au cinéma.