Est-il grave de ne pas lire les livres que l’on achète ?
La question de savoir s’il est grave de ne pas lire les livres que l’on achète soulève des réflexions tant sur notre rapport à la lecture que sur la consommation de biens culturels. Entre plaisir et culpabilité, est-ce vraiment un problème si certains de nos achats littéraires stagnent (longtemps !) dans notre bibliothèque ?
Le syndrome, parfois réjouissant, parfois culpabilisant, de la « pile à lire » (PAL pour les intimes) est devenu un véritable phénomène dans la communauté des lecteurs depuis plusieurs années. Au Japon, il existe un terme pour désigner l’habitude qui consiste à acheter des livres que l’on ne lira probablement jamais : « tsundoku » (« tsunde-oku » pour l’accumulation des choses que l’on prévoit d’utiliser plus tard, « doku-sho » pour livres). À différencier de la bibliomanie qui consiste à acheter des livres… simplement pour les acheter ! Le tsundoku n’est pas perçu comme un problème, mais plutôt comme une passion pour la possession d’ouvrages, avec l’espoir de les dévorer un jour. Il reflète une attitude culturelle où l’accumulation de savoir et de possibilités littéraires est valorisée. L’application de lecture Gleeph estime à plus de 100 les livres non lus dans les bibliothèques de ses utilisateurs.
L’importance de la flexibilité et du plaisir
Si l’idée d’une pile à lire trop volumineuse peut sembler angoissante, elle peut aussi être perçue comme une collection de possibilités infinies, une bibliothèque personnelle où piocher selon ses envies du moment. L’achat de livres répond souvent à une envie du moment, à une curiosité ou à un intérêt passager. La flexibilité dans nos choix de lecture et l’acceptation que tous les livres achetés ne seront pas lus immédiatement (voire jamais) peut alléger la pression et rendre l’expérience de la lecture plus agréable. Selon Umberto Eco : « Nous avons tous chez nous des dizaines, ou des centaines, voire des milliers (si notre bibliothèque est imposante) de livres que nous n’avons pas lus »… mais qui ne sont pas pour autant condamnés à le rester éternellement…
Alors, est-il grave de ne pas lire les livres que l’on achète ? La réponse est subjective, l’important reste de trouver un équilibre qui permette de savourer pleinement chaque ouvrage, qu’il soit consommé immédiatement ou différé sine die.
Certains lecteurs adoptent des systèmes parfois très sophistiqués pour gérer leur pile à lire, et parfois vient le moment de ce que les bibliothécaires nomment le « désherbage » : se séparer de certaines éditions pour pouvoir en accueillir de nouvelles !
One thought on “Est-il grave de ne pas lire les livres que l’on achète ?”
Quand un ouvrage me plait, roman, BD, je n’en reporte pas l’achat. Il rejoindra pendant quelques jours (semaines) ma pile de livres encore à lire. J’en entame parfois deux à la fois s’ils sont très différents l’un de l’autre, cela pour éviter de ne plus m’y retrouver.