
IDÉES LECTURE : la pensée féministe
Journée des droits de la femme : 10 livres à (re)lire pour explorer la pensée féministe
À l’occasion de la journée des droits de la femme nous vous proposons une liste de 10 livres exceptionnels, à (re)découvrir pour comprendre la pensée féministe.
Les livres que nous avons sélectionnés présentent tous, à leur façon, un cheminement de la pensée féministe et des droits de la femme, dans l’évolution du regard de la société sur les femmes et des femmes sur elles-mêmes. Chaque ouvrage a fait avancer les lignes du débat et a donné aux lectrices l’envie de changer les choses.
Il est important de noter que beaucoup d’autrices ont été moquées, conspuées, menacées et la plupart de ces oeuvres ont suscité des scandales au moment de leur parution…
1) Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne – Olympe de Gouge (1791)
De son vrai nom Marie Gouze, Olympe de Gouge est une figure marquante de la Révolution française et une pionnière du féminisme. Femme de lettres, elle s’engagera avant la Révolution déjà pour l’égalité entre les femmes et les hommes et pour l’abolition de l’esclavage.
La déclaration d’Olympe de Gouges part de l’idée que les femmes (qui possèdent toutes les facultés intellectuelles) ont par nature les mêmes droits que les hommes. La Nation étant définie comme « la réunion de la femme et de l’homme », elle en déduit que « la Constitution est nulle si la majorité des individus qui composent la nation n’a pas coopéré à sa rédaction ».
Olympe de Gouge sera guillotinée pour son audace et mourra sur l’échafaud en 1793.
Son oeuvre est un texte fondateur à lire dès l’école !
Olympe de Gouges, pionnière de la lutte pour les droits des femmes et l’abolition de l’esclavage, est morte sur l’échafaud en 1793. Demeure l’énergie intacte de sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne écrite en 1791.
2) Une chambre à soi – Virginia Woolf (1929)
Virginia Woolf est une femme de lettres anglaise et l’un des principaux écrivains modernistes du XXᵉ siècle. Malgré une grave dépression dont elle souffrait au quotidien, elle a travaillé tout au long de sa vie et a marqué son époque tant par son style littéraire que par ses idées féministes.
Cet ouvrage réunit les conférences que Virginia Woolf a données en 1928 dans deux collèges féminins à Cambridge. Elle y parlera de la place des femmes dans la création littéraire ou plutôt les raisons qui dissuadent les femmes de prendre la plume. Pragmatique, la romancière pose deux exigences pour permettre aux femmes d’écrire : disposer d’argent et d’une pièce à soi, que l’on peut fermer à clé, de façon à s’extraire des contingences familiales, à pouvoir rêver et croire en soi. Les prémices de l’indépendance ?
3) Fifi Brindacier – Astrid Lindgren (1945)
Astrid Lindgren est une romancière suédoise, auteur d’ouvrages pour enfants et scénariste. Elle a profondément influencé de nombreuses générations de lecteurs, en Suède et partout dans le monde.
Féministe dès les années 20, pacifiste en 1940, écolo militante dans les années 60, et toujours pionnière de l’éducation libre, elle a souvent eu une longueur d’avance !
Dans son pays natal (la Suède donc), Fifi Brindacier est considérée comme une vraie icône féministe. Elle est libre, indépendante et puissante. La jeune héroïne de livres pour enfants (puisqu’elle n’a que 9 ans), et de ses nombreuses adaptations, remet toujours en cause les rapports de pouvoir entre adultes et enfants, et surtout entre garçons et filles.
Une vraie dure à cuire féministe dont on ne se lasse pas !
4) Le deuxième sexe – Simone de Beauvoir (1949)
On ne présente plus Simone de Beauvoir, philosophe, romancière, mémorialiste et essayiste française.
Souvent considérée comme une théoricienne importante du féminisme, notamment grâce à son livre, elle a participé au mouvement de libération des femmes dans les années 1970.
« On ne naît pas femme, on le devient » : constat extrêmement célèbre tiré dudes études de la philosophe à l’origine sociale de l’infériorité des femmes, telle qu’on pouvait encore la voir après la Seconde Guerre mondiale, quand les femmes avaient remplacé les hommes au travail.
Ce récit encyclopédique et réflexif n’épargne d’ailleurs pas Freud ou Marx, l’éducation bourgeoise ni les femmes elles-mêmes, coupables d’avoir intériorisé leur soumission. c
Le deuxième sexe, traduit dans le monde entier et vendu à des millions d’exemplaires reste une lecture indispensable.
5) La cause des femmes – Gisèle Halimi (1973)
Gisèle Halimi est une avocate, militante féministe et femme politique franco-tunisienne.
Jeune avocate, elle défendait les indépendantistes tunisiens et algériens, puis des femmes auxquelles l’on reproche d’avoir avorté. Pour atténuer leur peine, il fallait évoquer des « circonstances atténuantes », ce qui revenait à plaider coupable.
En 1971, elle a été la seule avocate à signer le Manifeste des 343, à cause des grands risques de sanctions déontologiques du Barreau. Lors du procès de Bobigny, en 1972, Gisèle Halimi refuse de demander pardon au nom de sa cliente, et fait elle-même le procès de la loi liberticide de 1920 sur l’avortement. Marie-Claire Chevalier, qui a avorté après avoir été violée, est acquittée.
C’est une étape importante dans la marche vers la légalisation de l’avortement en 1975.
Fondatrice de l’association « Choisir la cause des femmes », Gisèle Halimi témoigne d’un courant du féminisme français caractérisé notamment par la certitude que cette lutte émancipatrice ne peut se passer des hommes.
6) «Ainsi soit-elle» – Benoîte Groult (1975)
Benoîte Groult est une journaliste, romancière et une grande figure du féminisme français.
Dans les années 70 elle était un peu désarçonnée par la radicalité des jeunes féministes post 68, et a décidé de dire les choses à sa manière. Son livre a non seulement libéré les femmes de son âge – elle leur parlait d’elles, de leur excès de complaisance à l’égard de leurs maris, de leur sens du sacrifice –, mais a aussi permis à ces femmes, qui étaient les mères de jeunes féministes se disant « révolutionnaires », de mieux comprendre leurs filles.
Après ce grand coup d’éclat, Benoîte Groult n’a jamais baissé les armes, participant à tous les combats des femmes et s’engageant même dans une lutte qui divisait les féministes : celle de la féminisation des noms de métier.
De 1984 à 1986, elle préside la Commission de terminologie pour la féminisation des noms de métiers, de grades et de fonctions. Ce combat-là aussi elle l’a gagné, et désormais, celles qui détestent se voir qualifiées d’« écrivaines » ou d’« auteures » doivent l’accepter.
7) Ne suis-je pas une femme? Femmes noires et féminisme – Bell hooks (1981)
Gloria Jean Watkins, connue sous son nom de plume bell hooks est une intellectuelle, féministe, et militante américaine.
Absolument incontournable aux États-Unis elle fut peu connue en France jusqu’en 2015, année où son ouvrage fut enfin traduit en français, soit 34 ans après sa publication américaine. L’intérêt est alors né pour cette militante afro-féministe et pour les idées qu’elle a portées sa vie durant – les imbrications des rapports de genre, de race et de classe.
Dans son oeuvre elle revient sur la double discrimination que subissent les femmes noires – en tant que femmes, et en tant que noires : l’intersectionnalité. La jeune bell hooks écrit ce livre alors qu’elle est à peine âgée de 19 ans, en 1971. Le livre ne sera publié qu’en 1981 sous son nom de plume, qu’elle choisit en l’honneur de sa grand-mère Bell Blair Hooks, et surtout sans majuscule, pour montrer que ce qui compte n’est pas son identité mais la «substance» de son oeuvre. L’ouvrage est aujourd’hui’hui un incontournable de la pensée féministe moderne.
8) La Servante écarlate – Margaret Atwood (1985)
« Si être féministe c’est dire que les femmes sont des êtres humains oui, je suis féministe ».
Margaret Eleanor « Peggy » Atwood est une romancière, poétesse et critique littéraire canadienne.
Elle est connue, en particulier, pour ce roman d’anticipation dystopique, adapté en série et qu’on vous recommande aussi chaudement !
Le roman raconte l’histoire d’un régime théocratique et patriarcal où les femmes non-stériles sont réduites à l’esclavage sexuel. La fiction a éveillé les consciences. Dans des pays où les femmes n’ont plus le total contrôle sur leur corps, où elles sont dépossédées de leurs droits, ces servantes écarlates inspirent un mouvement de protestation, notamment à propos du droit à l’avortement. Il a commencé au Texas pour s’étendre à la Floride, à l’Oregon, à l’Ohio et au New Hampshire, ainsi que dans d’autres pays dont l’Irlande et la Pologne où l’IVG est aujourd’hui quasi interdit.
Des milliers de féministes s’inspirent donc du livre pour monter au créneau, vêtues de l’habit symbolique rouge et blanc.
9) Les Monologues du vagin – Eve Ensler (1996)
Eve Ensler est une dramaturge et une féministe américaine.
Elle est surtout connue pour sa pièce de théâtre Les Monologues du vagin, un texte retentissant planétaire et une pièce jouée dans le monde entier. Pendant sa jeunesse, son père abuse d’elle, alors que sa mère, qui le sait, se tait…
Ses Monologues du vagin, par les contraintes qu’elle impose (le texte doit être récité par une ou des femmes, jouant bénévolement, et les recettes doivent être versées à une association qui lutte contre les violences faites aux femmes) ont mené à la création de la fondation V-Day : association qui lutte contre les violences faites aux femmes. Différentes branches ont été créées un peu partout dans le monde.
En interrogeant plus de 200 femmes du monde entier sur leur rapport à leur vulve, Eve Ensler a brisé tous les tabous autour de la sexualité féminine. Si la dramaturge a fait face à des critiques dithyrambiques, notamment concernant un passage sur la pédopornographie, Eve Ensler a considérablement réussi à modifier le rapport des femmes à leurs corps.
10) Sorcières – La puissance invaincue des femmes – Mona Chollet (2018)
Mona Chollet est journaliste et essayiste franco-suisse.
Son travail porte principalement sur la condition féminine, le féminisme, les médias et l’imaginaire contemporain (rapport à la réalité, imaginaires sociaux et politiques).
Elle a proposé une critique sévère des Femen dans un article intitulé « Femen partout, féminisme nulle part », auxquelles elle reproche notamment de manifester les seins nus : « L’intérêt pour les Femen s’avère parfaitement compatible avec l’anti-féminisme le plus grossier ».
Elle défend par ailleurs l’abolition de la prostitution.
« Tremblez, les sorcières reviennent ! » disait un slogan féministe des années 70. Image repoussoir, représentation misogyne héritée des procès et des bûchers des grandes chasses de la Renaissance, la sorcière peut pourtant, affirme Mona Chollet, servir pour les femmes d’aujourd’hui de figure d’une puissance positive, affranchie de toutes les dominations.
Qu’elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout…
En bonus : Culottées (L’Intégrale) – Pénélope Bagieu (2019)
Rappeuse ou guerrière apache, créatrice de troll ou reine des bandits, rock star ou femme à barbe, athlète ou chamane, exploratrice ou travailleuse sociale : dans ce coffret regroupant les deux tomes des Culottées, découvrez 30 portraits drôles et sensibles de femmes qui ont inventé leur destin et qui ont lutté contre vents et marées pour faire ce qu’elles avaient à faire !
10 commentaires sur “IDÉES LECTURE : la pensée féministe”
Quels sont les tarifs de ces livres ?
Bonjour.
J’aimerais signaler à l’autrice (ou auteure) de ce billet de blog, que dans le point 9 (Les monologues du vagin), elle a employé une expression qui me semble être un oxymore dans ce contexte : « critiques dithyrambiques » (« Si la dramaturge a fait face à des critiques dithyrambiques, notamment concernant un passage sur la pédopornographie […]).
Dithyrambique : Se dit de quelqu’un volontiers excessif, emphatique, et pompeux dans ses éloges ou son expression générale. Synonymes : flatteur, louangeur, laudatif, élogieux. (d’après le Wiktionnaire)
Merci néanmoins pour cette liste.
Bonjour !
Merci pour cette liste.
Je suis déçue pourtant de ne pas y voir figurer King Kong théorie. Un essai de Virginie Despentes, fervente féministe !
BONJOUR
Merci pour cet article qui m’a permis de découvrir quelques livres que je ne connaissais pas encore.
Je recommande 2 romans de Khaled Hosseini sur le sort des femmes en Afghanistan:
« Un Millier de Soleils Splendides » (A Thousand Splendid Suns) et
« Ainsi Résonne l’Echo Infini des Montagnes » (And the Mountains Echoed), Ed. Belfond, 2013
Merci beaucoup ; c’est très interessant. Th L
Merci beaucoup à toutes, pour vos partages de livres en rapport avec le féminisme !
Bonjour,
je cherche des références féministes en dehors de la date du 8 mars. Dans quelle catégorie de livres peut-on les trouver en général ? « actu, politique et société » ?
Je vous remercie
Bonjour, vous trouverez en effet des références féministes dans la sous-catégorie « Femmes » de la catégorie Actu, Politique et Société : https://www.recyclivre.com/taxons/categorie/boutique/societe/actu-politique-et-societe/grands-themes/femmes
Belle journée,
Mathilde