Du théâtre à lire et à aimer

15 avril 2025 Mathilde

À l’occasion des Molières qui ont lieu dans quelques jours, nous avons envie de vous emmener au théâtre. Passionnantes, drôles, bouleversantes, politiques… Les histoires qui se déroulent sous nos regards une fois le rideau rouge ouvert sont aussi riches que diverses. Et s’il s’apprécie en général sur scène, le théâtre débute bien souvent par un livre. Voici notre sélection de pièces à lire pour faire le plein d’émotions.

Britannicus – Jean Racine

Un classique incontournable, donc la lecture est guidée par le suspens de l’histoire écrite par Racine. Un drame intemporel, celui de deux frères, Britannicus et Néron, amoureux de la même femme, Junie. Britannicus a été évincé du pouvoir au profit de Néron. Le nouvel empereur, aveuglé par son pouvoir récent, décide de kidnapper Junie afin de ne l’avoir que pour lui. Or, celle-ci a le cœur déjà pris par Britannicus. Elle doit donc choisir entre écouter son cœur et choisir Britannicus mais provoquer sa mort ou écouter sa raison, choisir Néron et renoncer à l’amour de sa vie. Une pièce écrite en alexandrins, mais dont la lecture ne présente aucune difficulté tant le suspense nous tient en haleine.

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Art – Yasmina Reza

Trois amis se retrouvent et se déchirent autour de la dernière acquisition de l’un d’entre eux : un tableau blanc, qu’il a acquis pour la modique somme de deux cent mille francs. Si la dispute tourne de prime abord autour de la définition de l’art contemporain, les choses s’enveniment rapidement et glissent inexorablement vers les règlements de compte personnels. Une pièce qui sonde les liens amicaux de façon fine et parfois corrosive, qui amuse par moments malgré son sujet profond. On pense également à Pour un oui ou pour un non, de Nathalie Sarraute, qui explore également le sujet des querelles amicales.

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Rhinocéros – Eugène Ionesco

Si vous cherchez de l’absurde vous l’avez trouvé. Maître indétrônable de la discipline, Ionesco nous présente Bérenger, un homme qui fait face à la mutation totale de son environnement : les habitants de sa ville se transforment un à un en rhinocéros. Personne n’y croit tandis que Bérenger est l’un des seuls à lutter contre ce mal qui gagne peu à peu la population. Cette œuvre est une métaphore du peuple endoctriné par un mouvement de pensée unique. Elle nous offre un champ de réflexion pertinent autour du concept de montée du totalitarisme.

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Papa doit manger – Marie Ndiaye

Dix ans après avoir disparu du jour au lendemain, Papa est de retour dans sa famille. Et il s’attend bien à reprendre la place et le rôle qu’il a désertés il y a une décennie de cela. Mais c’est sans compter sur le remariage de sa femme, et surtout le racisme dont il est victime de la part de son ancienne belle-famille. Un texte aussi court que percutant sur le racisme ordinaire et ses conséquences, remarquablement décrit par la plume de Marie Ndiaye.

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Les Justes – Albert Camus

Moscou, au tout début du XXème siècle. Un groupe de socialistes révolutionnaires fomente un attentat à la bombe contre le grand-duc Serge, oncle du tsar. Chacun a ses propres motifs et convictions pour justifier l’acte meurtrier. Basée sur des faits bien réels, cette pièce nous donne à réfléchir sur les contours de la morale propre à chacun : l’assassinat d’une personne peut-il être « juste » ?

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Juste la fin du monde – Jean-Luc Lagarce

C’est une œuvre presque autobiographique. Elle aborde le thème du sida, dont Jean-Luc Lagarce se savait atteint. Louis est un homme très peu proche de sa famille, mais lorsqu’il apprend qu’il est atteint de cette maladie, il se résout à reprendre contact avec ses proches afin de leur annoncer la tragique nouvelle et sa mort prochaine. Malgré le pas qu’il fait vers ses proches, le naturel de chacun revient au galop et les tensions s’accumulent lors de leurs retrouvailles, chacun en va de ses reproches envers Louis, son caractère, sa manière d’être et d’agir. Une pièce dramatique, qui nous transporte avec un réalisme cru dans la vie de cette famille qui ressemble à tant d’autres.

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Totenauberg – Elfriede Jelinek

En pleine saison des sports d’hiver, dans les Alpes autrichiennes, Heidegger et Hannah Arendt débattent des sujets du rapport de l’homme à la nature, du temps qui passe mais aussi du sentiment d’appartenance. Une pièce satirique, écrite dans le style étonnant propre à son autrice : noirceur, rythme unique, radicalité et humour sont au rendez-vous.

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Salvador : la montagne, l’enfant et la mangue – Suzanne Lebeau

Salvador est écrivain. Il se remémore son enfance en Amérique du Sud dans une famille pauvre, quittée par son frère et son père. Il se souvient surtout de sa mère, dont l’espoir et la foi en ses enfants les sortira de la misère. Une pièce à lire en famille pour faire un joli voyage rempli d’émotions et de valeurs positives.

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Huis clos – Jean-Paul Sartre

Trois personnes damnées se retrouvent enfermées dans une pièce sans fenêtre, surchauffée, dépourvue de toute distraction. Ils vont devoir y cohabiter. « L’enfer, c’est les Autres ». Cette citation culte nous vient tout droit de Huis clos, une pièce qui ausculte les liens humains dans le cadre d’une proximité forcée. Une histoire qui se lit de tout temps, pour réfléchir à notre place face au regard d’autrui.

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Roberto Zucco – Bernard-Marie Koltès

Roberto Zucco est un assassin. Il commence par tuer ses parents, puis s’attaque au hasard à qui croise sa route. Souvent arrêté, il finit toujours en liberté. Pendant cette croisade sanglante, il tombe amoureux. Inspiré du meutrier Roberto Succo, qui a défrayé la chronique par son comportement aussi erratique que dangereux dans les années 80, cette pièce terrifiante met l’homme derrière le monstre.

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